Maman, d’où viennent les pianos digitaux ?

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Le piano digital est omniprésent. Les pianos les plus utilisés sont devenus exclusivement numériques au cours des dernières décennies. Le piano digital remplacera-t-il de la même manière le piano acoustique ? Il est évident que non ! Le piano acoustique reste ‘le seul et unique’ vrai piano. 

Pourquoi existe-t-il alors des pianos digitaux ? Comment ont-ils émergés et comment évoluent-ils ? 

Découvrez-le dans cet article !

Photo drôle avec chat au piano
Orchestre Big Band des années 20

Introduction

Le piano digital peut être un atout ou une alternative au piano acoustique mais cela n’a pas toujours été le cas. Comment le piano digital a vu le jour et comment évolue-t-il ? Deux aspects du piano classique ont été néfastes pour l’évolution du piano digital : 

Le piano classique n’est peu ou pas portable

Le piano est un instrument de soliste, un instrument d’accompagnement mais aussi un instrument d’orchestre. C’est un instrument qui permet de jouer de la musique classique, du jazz, de la pop mais aussi des compositions de l‘auteur-compositeur. Malheureusement, ce n’était pas un instrument qu’on pouvait emporter partout et de temps à autre le piano rencontré était mal accordé ou mal entretenu ce qui a créé l’envie chez les pianistes de divertissement d’avoir leur propres piano ‘mobile’. 

Image artistique qui combine ondes sonores et touches d'un piano

Le son d’un piano est techniquement/physiquement/mathématiquement une des sonorités les plus complexes qui existe,..

La tessiture (de la note la plus basse à la note la plus haute) est extrêmement grande (si pas la plus grande, seules quelques orges d’église ont un tessiture plus large). Le timbre est une construction très complexe et n’est pas seulement différente pour chaque touche : le contenu harmonique dépend aussi de la dureté de l’attaque, de l’intonation, du réglage de la mécanique et du style de jeu du pianiste. A cause de cette complexité, il a fallu presque 100 ans pour retrouver sur le marché une alternative digitalisée ‘acceptable’ au piano acoustique. Cette complexité est aussi la raison pour laquelle les vrais ‘amoureux’ du piano choisissent le piano acoustique.  

Pour comprendre l’évolution du piano digital, nous devons retracer 3 évolutions parallèles : L’évolution du piano électro-acoustique, l’évolution du synthétiseur et l’évolution de la technique de ‘sampling’.

le Neo Bechstein, l'un des premiers pianos à queue électroacoustiques

1. L’évolution du piano électro-acoustique

Revenons un instant à ces années 1930. Avec l'essor du Jazz et surtout des Big Bands, un problème fondamental s'est posé : les Big Bands voyageaient avec tous leurs biens à travers les États-Unis, et transportaient de préférence leur propre piano partout. 

Comme de nombreux instruments à vent pouvaient produire beaucoup de décibels, le pianiste a préféré avoir le plus grand piano à queue possible afin d'obtenir un niveau sonore similaire. 

Seulement c’était contradictoire aux exigences du responsable logistique d'une telle tournée : il voulait un piano le plus petit possible, léger et facile à transporter. Bechstein et Siemens répondaient déjà à cette question à l'époque. 

En 1929, ils ont lancé un piano électro-acoustique : un piano à queue acoustique court, dans lequel des «microphones» (plus comme des «aimants d'enregistrement») sous les cordes pouvaient capturer le son et après l’amplifier. Il pouvait être entendu à travers des haut-parleurs dans la salle. Ce «Neo-Bechstein» (c'est ainsi que l'instrument s'appelait officiellement) était (trop) en avance pour son temps. 

Petrof en a fait le néo-Petrof, et American Story & Clarck a également mis sur le marché un instrument similaire. L'idée était géniale, mais la technologie n'était pas assez avancée. Mais nous en avons tiré des conclusions : en plus de notre piano à queue acoustique, nous avons besoin d'une alternative qui offre une solution dans des cas spécifiques.

Le Fender-Rhodes piano électronique

Il a fallu attendre les années 1950 pour trouver une solution plus viable basée en partie sur la même idée. Avec l'essor de la musique pop et rock, le besoin d’un piano facile à transporter et à amplifier était encore plus. Le Fender-Rhodes et le piano Wurlitzer ont vu le jour. Bien que, pouvons-nous parler d’un piano ? Ces instruments ne sonnaient pas du tout comme un piano acoustique ! Le Fender-Rhodes avait de vrais marteaux de piano et frappaient des tiges métalliques, qui étaient ensuite amplifiées via un micro, tout comme la guitare électrique. Dans le Wurlitzer, c'étaient des languettes métalliques. Pourtant, ces avantages ne l'emportent pas sur la différence de son, et pourtant de nombreux pianistes ont acheté cet instrument. À ce jour, nous trouvons encore le timbre typique de ces pianos dans la musique pop et jazz, et les pianistes recherchent activement un piano Rhodes ou Wurlitzer original.

Le Yamaha CP80 piano à queue éléctro-acoustique

Ce n'est que dans les années 1970 que le principe identique au Néo-Bechstein a été relancé. Yamaha a lancé un nouveau standard dans les pianos électro-acoustiques avec entre autres le CP70 : un piano acoustique avec de vraies cordes, mais un piano très court et sans table d'harmonie. Les vibrations des cordes étaient amplifiées avec des pick-ups (microphones). On retrouve ce son typique dans de nombreux enregistrements pop de cette période. Pensez par exemple à toute la musique d'ABBA. 

Seulement cet instrument était encore trop lourd et trop cher pour beaucoup de personnes.

Les premiers pianos électriques étaient analogiques ou utilisaient la synthèse FM

2. Son piano d'un synthétiseur

En parallèle de la technologie électroacoustique, une deuxième évolution a émergé, celle du synthétiseur : créer des sons à partir de rien, simplement en utilisant des composants électroniques. Parmi les pionniers du début du XXe siècle figuraient ici les Russes Léon Theremin, Maurice Martenot et Laurens Hammond. En fin de compte, il a fallu attendre les années 1960 pour que le synthétiseur se démarque vraiment.

Merci, entre autres, à Robert Moog. Le but du synthétiseur était d'une part de créer de « nouveaux sons inexistants ». D'autre part, ils ont également essayé d'imiter les instruments acoustiques.

Y compris le son d'un piano. Il a fallu attendre la fin des années 70 pour que les premiers «pianos électroniques» basés sur le principe du synthétiseur arrivent sur le marché. Le problème, cependant, était que le son d'un piano est si complexe et si diversifié en termes de contenu harmonique qu'il était impossible de générer un son réaliste. Des marques telles que Yamaha et Roland ont sorti quelques instruments, mais au final cela n'a pas été un succès.

Ces instruments ont également créé une image négative parmi les pianistes autour de l'électronique et des pianos. Cette seconde évolution est donc au point mort. Cela a duré jusqu'en 2010, lorsque Roland a surpris amis et ennemis avec sa technologie V-piano: une fois de plus, un son de piano est généré ici « à partir de zéro ». Mais cette fois très réaliste, via la modélisation virtuelle. Mais la modélisation virtuelle pure n'est pas non plus appréciée par tout le monde. En raison de son exactitude mathématique, le son est souvent ressenti comme froid et non naturel. 

Les premiers claviers électroniques basés sur des ordinateur, tels que le Synclavier

3. Échantillonnage : L’enregistrement du son d'un piano acoustique

Une troisième évolution fut celle du « sampling » : l'enregistrement et la reproduction du son d’un piano acoustique. Dans les années 60 et 70, apparaissent les premiers instruments capables de restituer le son d’un piano : le Mellotron et le Chamberlain. Pour chaque note, il y avait un enregistrement simple d’un son piano sur bande magnétique. Lorsque le bouton était enfoncé, la bande jouait le son. Lorsque la touche était relâchée, la bande était ramenée à sa position initiale.

Inutile de dire que ce principe n'a pas permis de jouer Rachmaninov ! Lorsque la « bande magnétique » fut lentement mais sûrement remplacée par l'enregistrement numérique (échantillonnage), cette idée a pu à nouveau être mise en pratique. Les premiers « samplers » coûtaient des dizaines de milliers d'euros et n'étaient accessibles qu’aux grands studios d'enregistrement et aux artistes reconnus. Il suffit de penser au Synclavier, que Stevie Wonder aimait utiliser. Tout autre son nécessitait le chargement de nombreuses grandes disquettes.

Le Kurzweil K250 était l'un des premiers claviers électroniques avec un son de piano échantillonné de haut niveau.

Dans la seconde moitié des années 1980, l'émergence d'ordinateurs plus rapides et de meilleure qualité ainsi que la mémoire informatique plus abordable, ont finalement rendu possible la commercialisation du principe d’échantillonnage. En 1984, Kurzweil a été le premier à proposer un instrument, le K250, avec un échantillon piano stocké dans la mémoire ROM.

De Wersi D-Art technologie was baanbrekend in 1992 en legde een wereldwijde standaard in piano-sampling en datacompressie

Récemment, la société allemande Wersi Electronics a développé, via la technologie ASIC, une technique pour traiter et compresser les différentes résonances des cordes et les changements harmoniques typiques à chaque frappe. Ces développements ont constitué une base sur laquelle les concepteurs japonais et américains ont pu se développer davantage. Aujourd’hui, presque tous les pianos numériques sont basés sur ces développements. La mémoire informatique devient moins onéreuse et plus rapide, plus d'échantillons peuvent être enregistrés par touche et divers effets secondaires peuvent être ajoutés. Tout cela se traduit par une imitation de plus en plus crédible du son piano. Mais l'original reste définitivement inégalable. En effet, même au 21e siècle le piano acoustique n’a toujours pas perdu de son importance et suscite toujours autant d’intérêt et de passion.

 

Voulez-vous savoir pourquoi le piano numérique est si populaire ? Lisez le blog "Pourquoi (ne pas) choisir un piano digital ?".

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